Raconter. Conter. Fabriquer un conte, voir même déjà une histoire. Se l'approprier, la vivre, et la laisser s'envoler. Raconter une histoire. Ça peut paraître bien niais, écrit comme ça, on croirait presque à un slogan publicitaire. Mais se raconter une histoire pour, juste l'espace d'un instant, se désolidariser du monde, et se mettre seul dans son coin, à placer les jetons, à tâter les caractères, à répartir les rôles. Se raconter des histoires et voilà que l'on passe pour un mytho. Un type, un bonhomme qui en invente pour exister. Est-ce que les artistes sont mythomanes? Car, les artistes, on s'en invente des histoires. Pour exister? Ça, c'est autre chose. L'existence est faite de petites et grandes histoires.
Parfois, on parle d'univers. Parfois, on parle trop, et mal. Un univers viendrait qualifier le pouvoir imaginaire de l'artiste. Mais ce mot même d'univers est d'une imprécision totale. L'univers n'a pas de fin, l'histoire en a bien une. Le serpent ne se mange pas la queue, la fin est bien là, comme but ultime, parfois comme délivrance.
Raconter une histoire pour se défaire du monde réel, et fabriquer un autre monde, avec sa géographie, ses contours, ses reliefs, ses héros, ses mythes. Raconter une histoire pour mieux vivre? Est-ce que l'on fait de l'art pour mieux vivre? Est-ce que l'on fait de l'art par thérapie? Je ne crois pas. Je crois que l'on ne fait pas de l'art pour se soigner de quoi que ce soit mais bien pour s'aider à vivre. L'art comme un accompagnement. Je crois que l'on fait de l'art, car c'est bien là la seule chose que l'on sait faire. Je crois que l'on fait de l'art par nécessitée. Comme raconter une histoire est une nécessitée.
Raconter une histoire avec des bricoles, des petites choses qui ne font rien, qui se bricolent, qui s'assemblent pour former une évidence. Raconter une histoire en bricolant sur le monde pour le révéler.
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